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MADAME MÉLANIE WALDOR

Qu’il lui dise qu’au ciel l’âme s’unit à l’âme,
Pour aimer sans souffrir, et que là seulement
L’amour, en épurant au feu du ciel sa flamme,
Change l’âme d’un homme en l’âme d’une femme,
Pour qu’il aime éternellement !

Ou que plutôt, mon Dieu, je sois alors cet ange,
Et qu’il me soit permis, fantôme, esprit voilé,
Me jouant à ses pieds, de donner en échange
Du mal qu’il sut me faire, en son erreur étrange,
La paix à son cœur consolé.

Ce que j’espère au ciel, ô mon Dieu, qu’il l’espère,
Il n’aime pas, celui qui jamais n’espéra :
À son âme de feu, presque au monde étrangère,
Que je puisse un seul jour montrer cette autre sphère
Où la mort nous réunira.

Je veux bien renoncer à lui dans cette vie ;
Mais dans l’autre, oh ! jamais ! c’est là que, tout à lui,
En l’aimant d’un amour à faire au ciel envie,
Je verrai naître encore, enivrée et ravie,
Le bonheur qu’il m’ôte aujourd’hui.

Premier mois de l’automne, ô mois par qui mon âme
Semble toute ma vie, adieu, tu vas finir ;
Et ma vie avec toi finit quand, sur la trame
De ces jours que le ciel en sa bonté réclame,
Était encor tant d’avenir !