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LES FEMMES POÈTES BRETONNES

Elle montre le ciel et non pas le néant,
La mort qui de la vie eut seule le mystère,
Quand seule elle rendra des mers et de la terre,
Aux grands jours du chaos, chaque gouffre béant ;

La mort qu’en s’endormant tous les soirs on essaie,
Sans qu’on y pense alors et sans qu’on s’en effraie,
Car le sommeil est doux, et sa pente conduit
Vers un monde idéal que l’homme n’eût, peut-être,
Sans lui jamais compris ; mais Dieu, qui lui dit d’être,
Veut qu’il soit à la mort ce qu’est l’ombre à la nuit.


L’AUTOMNE


Si, prenant en pitié mes pleurs et ma jeunesse,
Tu me vas, ô mon Dieu ! rappeler près de toi,
Grâce, oh ! grâce pour lui. Qu’il m’oublie, ou qu’il laisse
S’égarer sans remords, doux comme une caresse,
Son souvenir autour de moi !

Qu’un bon ange, envoyé de ta sphère céleste,
Endorme dans son cœur ses regrets, ses douleurs ;
Qu’il vienne chaque soir, à cette heure funeste
Dont un espoir de mort est tout ce qui me reste,
De son aile essuyer ses pleurs !