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MADAME MÉLANIE WALDOR

LA BRETAGNE

À Mme ***


À cet amas de toits, de luxe et de misère,
Qui, s’appelant Paris, fait des lois à la terre,
Que vous avez bien fait d’échapper quelques jours,
Afin d’aller, rêveuse et seule, avec vous-même,
Créer autour de vous, dans un monde suprême,
Ces doux rêves du cœur qu’on cherche et perd toujours.

Ah ! que ne puis-je aussi, dans ces lieux que j’envie,
En respirant un air qui convient à ma vie,
Échanger, comme vous, contre l’ennui de tout,
Ces sublimes transports qui font l’âme plus grande,
Et qu’à la foule oisive en vain l’homme demande,
Quand son regard lassé se promène partout…

Qu’ils sont beaux, ces vieux rocs, enfants de l’Armorique,
Noirs débris de ces temps que le temps seul explique !
Qu’ils sont beaux ces ravins, dont l’imposant aspect
Aux voyageurs surpris redit les premiers âges,
La naïve splendeur ! qu’ils sont beaux et sauvages,
Et que leur sol inspire un sombre et saint respect !

Que je le voudrais voir, cet immense rivage,
Où la vague, à grand bruit apportant le ravage,