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LES FEMMES POÈTES BRETONNES

Sapho (brusquement, d’un air égaré).

Pourquoi vous effrayer ? Non, je me sens tranquille,
Je n’ai plus dans mon sein cette flamme inutile,
Cet amour dévorant qui me suivait partout.
Au contraire, je sens un frisson, une glace,
Un poids qui cependant me gêne et m’embarrasse ;
Je ne sais… mais je crois que je souffre beaucoup !…

Sapho (montre le ciel, puis le rocher).

Je lui disais : là haut, là-bas, partout, ici,
N’est-il point là ?… je le vois. — Oui !
Que me disiez-vous donc ? Non, non, ce n’est pas lui !
Ce n’est pas lui, ce n’est rien… je frissonne.
Il n’est point là… cependant je le vois !
Je le vois là ! (elle chancelle.)
Non ! non, ma force m’abandonne.
Adieu, Phaon ! je meurs pour toi !

Quelle vérité de sentiments !… Voici maintenant son Épître aux femmes (fragment) :

Déjà plus d’une femme en sa fière vertu
Pour l’honneur de son sexe, ardente, a combattu.