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MADAME DESROCHES

Où la paix avait son séjour
Ne règne plus que le silence.
Semblable à l’étranger qui, dans un saint respect,
Foule de Pompeii les antiques vestiges,
Et croit qu’en tous ces lieux qui gardent leur aspect,
La vie a seulement suspendu ses prodiges,
Jouet d’une flatteuse erreur,
Je vois autour de moi tout s’animer encore ;
Là, je poursuis un fantôme imposteur ;
Ici, j’attends que la cloche sonore
Appelle de nouveau les filles du Seigneur.
Cependant de Phébus l’agile avant-courrière
N’éveille plus leur diligent essaim,
Et de ces anges de la terre
La nuit, parcourant sa carrière,
N’entend plus le concert divin.
Sous des astres divers un destin inflexible
Entraîne leurs pas éperdus,
Et mon œil, attiré par ce temple paisible,
Considère aux parvis leurs voiles appendus.
Ah ! fuyons de ce temple où l’orgue aux sons magiques
Ne redit plus les hymnes de Sion,
De ces cloîtres mélancoliques
Où glisse la lumière, où mugit Orion.
Sur de plus doux objets laissons errer ma vue,
Entrons dans ces bocages verts,
Dont l’avide cognée et l’effort des hivers