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LES FEMMES POÈTES BRETONNES

De touchants souvenirs muet dépositaire !
Je vais retrouver tes abris
Témoins de ma joyeuse enfance,
Séjour désert où l’espérance
Doit m’offrir son premier souris.
Que vois-je ? cent débris funestes
Signalent en ces lieux un profane attentat,
Et privé de ton noble éclat
Tu règnes tristement sur les vallons agrestes !
Ton faîte dépouillé n’offre plus à mes yeux
La flèche qui des bois dominait le feuillage,
Touchait au vague azur des cieux,
Ou se perdait dans le nuage,
Auprès du signe rédempteur
Qui de pensers profonds saisissait l’âme émue.
Je cherche en vain ce phare, ami du voyageur,
Et qui de loin frappait sa vue,
Tandis qu’errant au gré d’une inquiète ardeur,
Il parcourait des flots l’orgueilleuse étendue.
Au rocher, longtemps incertain,
Souvent sa flamme lumineuse,
À travers la nuit orageuse,
Apparaissait comme un astre serein,
Et lorsqu’en ses fureurs la tempête obstinée
Ouvrait sur l’océan mille gouffres divers,
Au seuil du temple saint, la vierge prosternée
Offrait ses vœux fervents au Souverain des mers.