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MADAME DUFRESNOY

Quand mon âme n’a point de peines,
Pourquoi mes yeux ont-ils des pleurs ?


LE REGRET


La raison et le temps ont adouci mes maux.
D’un sentiment trompeur la tendre inquiétude
N’enlève plus mes nuits aux douceurs du repos,
Mes jours aux bienfaits de l’étude.

Mon œil, longtemps chargé de pleurs,
Plus calme, s’est levé sur un ciel sans nuage,
Des bois je ne fuis plus le silence et l’ombrage,
Et sans chagrin je vois la fleur
Se balancer sous le feuillage.

Mes amis à leurs soins touchants
Ne me trouvent plus insensible.
Semblable à ce ruisseau qui coule de nos champs,
Ainsi coule ma vie uniforme et paisible ;
Cependant quelquefois, sur le soir d’un beau jour,
Mon cœur se sent presser par la mélancolie ;
Je ne regrette plus l’amant qui m’a trahie,
Je regrette encor mon amour !