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MADAME DUFRESNOY

J’en accueillais l’incertaine espérance.
J’avais juré qu’un souris dédaigneux
Saurait alors punir son inconstance.
Oh ! d’un regard invincible ascendant !
Qu’est devenu mon courage imprudent ?
À peine, hélas ! ma voix à son approche
Balbutia quelques mots de reproche.
Je pâlissais, rougissais tour à tour ;
Je lui disais : « Non, je n’ai plus d’amour ! »
Mais je laissais sa main presser la mienne,
Mais malgré moi ma main pressait la sienne,
Mais les soupirs, étouffés à demi,
Livraient mon âme à ce cher ennemi ;
Mais je laissais ses lèvres suppliantes
Se rapprocher de mes lèvres tremblantes ;
Ma bouche en vain opposait un refus,
Le sein rempli du feu qui me dévore,
En lui jurant que je ne l’aimais plus,
Je lui prouvais que je l’aimais encore !


LE BONHEUR


Il est auprès de moi, sa main touche ma main,
Sa bouche s’embellit du plus charmant sourire ;
Son teint s’anime, je soupire
Sa tête mollement vient tomber sur mon sein.