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J’ai cessé maintenant tous ces cris superflus.
Puisque tout est fini, je n’appellerai plus !
Je pense, lorsqu’un fruit se présente à ma bouche,
À ceux qu’il réclamait sur sa funèbre couche.
Je hais les animaux parce qu’ils sont vivants,
Et j’arrache les fleurs pour les jeter aux vents ;
Je me venge des fleurs parce qu’elles sont belles
Et parce que je crois mon fils moins heureux qu’elles.
On devient si méchant quand on souffre toujours !
Dieu l’a dit, les damnés n’auront jamais d’amour.
— Oh ! comme j’ai souffert depuis ta longue absence !
Attire-moi ! prends-moi, là-bas, dans ton silence.
Viens, prolonge ma nuit, alourdis mon sommeil.
Pas de bruit, pas de jour, surtout pas de réveil !
C’est toujours au réveil que le souvenir porte
Ses coups les plus cruels ! — Dis ! suis-je déjà morte ?
Ta tombe, que je presse, a murmuré tout bas.
Si froide elle me vient que je ne la sens pas !
Mais le ver du sépulcre, immonde solitaire,
Répond : Ce n’est pas là ma pâture ordinaire,
Ce corps est incomplet, il lui manque le cœur !
— La mort ne me veut pas ! —… Pitié, grâce, Seigneur !
Quand je prie, à présent, c’est pour bien peu de chose ;
Je dis que tout rayon, tout enfant, toute rose,
S’éloignent de ma vue, aujourd’hui seulement :
Demain, je serai forte, oui, mon Dieu, maintenant
Effacez le sillage, éteignez la pensée,