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Oui, ce chef-d’œuvre semble animer cette page
Que je relis encor. Quand vous m’avez écrit,
Dites, y pensiez-vous ? Oh ! reprenez courage ;
Hélas ! le ciel rayonne et le printemps sourit !

« Je ne la verrai plus, mais qu’elle soit heureuse ;
« Seigneur, tout ce bonheur que j’osais espérer,
« Donnez-lui ! Devant nous la vie est ténébreuse !
« Tendez les bras vers elle, et laissez-moi pleurer !… »

Non, je n’accepte pas ces vœux, mais il me semble
Que jamais votre amour ne s’est mieux exprimé !
M’aimiez-vous donc autant, quand nous étions ensemble ?
Méritiez-vous autant qu’aujourd’hui d’être aimé ?

Quand un rameau fleuri touchera votre tête,
Quand de légers parfums, ou quelques chants bien doux,
Viendront comme un oiseau dans votre cœur en fête,
Fermez les yeux, c’est moi qui serai près de vous !

(Passion).
LA FOLLE

Il était une folle aux grands yeux désolés,
Qui tout le jour cherchait des sentiers isolés ;
On la voyait courir, s’élancer, hors d’haleine,
Poursuivre les oiseaux ou les faons dans la plaine,
Crier, les appeler longtemps et tendrement.