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Je romps votre cachet ; voyez j’ouvre sans crainte,
Et déjà de baisers j’ai couvert votre nom !

Cependant au bonheur mon cœur se livre à peine,
Il sait que de hasard l’avenir est rempli…
Que la distance, hélas ! rend toute lutte vaine…
Et qu’il suffit d’un jour pour amener l’oubli !

II

Que votre lettre est triste !… Oh ! dites-moi, quel charme
Trouvez-vous à pleurer ainsi nos longs adieux !
Pas un mot d’espérance, ami, partout des larmes
Sortent de votre cœur pour entrer dans mes yeux !

« Sur la terre d’exil, humide et désolée,
« La neige, dites-vous, tombe depuis trois jours :
« Son linceul frissonnant a couvert la vallée. »
Et vous dites : « Encore !… Elle tombe toujours !!! »

Ces mots sont comme un glas répétant dans l’espace
De moment en moment ses trois lugubres coups ;
Je vois de loin, je sens ces frimas, cette glace :
Le soleil brille ici, mais j’ai froid avec vous.

Vous avez admiré cette toile émouvante
De notre Ary Scheffer, où le brouillard neigeux
Enveloppe et pâlit la Francesca du Dante ?
Eh bien, votre récit la retrace à mes yeux…