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LA PREMIÈRE LETTRE

Je tremble, et mon cœur bat, c’est sa première lettre !
Mais je ne puis l’ouvrir ainsi devant témoin ;
Déjà tout le bonheur qu’elle semble promettre
Brille à mes yeux en pleurs ; voilons-les avec soin !
Enfin, il est donc vrai, j’ai là votre pensée,
Pour moi seule enfermée en ce fragile écrit…
C’est votre lettre, ami, qu’ici je tiens pressée :
Vous parlez, je réponds, et ma lèvre sourit !

I


Oh ! n’oubliez-vous rien ? Me dites-vous les choses
Comme elles sont là-bas, le jardin, la maison ?
Mesurez-moi l’espace et comptez-moi les roses,
Je veux avec mon cœur voir tout votre horizon !
Puis, dites-moi surtout quand la lumière ou l’ombre
Passe à votre fenêtre à chaque heure du jour,
Afin qu’au ciel brillant comme dans l’azur sombre,
Je cherche le rayon qui vous voit à son tour !
De vos nouveaux amis parlez-moi sans contrainte ;
Contre eux je n’aurai pas de jalousie. Oh ! non !…