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MADAME AUGUSTE PENQUER 123


« Son joug à ma défaite, il est maître à présent ;
« Après m’avoir vaincue, il me flagelle et cloue
« Son signe sur mon front, son stigmate à ma joue !… »

DÉJA VIEUX


(Mes Nuits. — Œuvres posthumes)


« Nous étions déjà vieux. Cependant il entrait
« Avec empressement chez moi. J’étais charmée ;
« Je lui tendais ma main, qu’aussitôt il serrait,
« Et je sentais alors combien j’étais aimée.

« Le soir, un seul baiser, sur mon front, m’enivrait ;
« Sur ma joue… Ah ! ma joue en était allumée !…
« Nous étions déjà vieux : quel âge ?… On l’ignorait,
« Tant l’âme dans l’amour est jeune et ranimée.

« Nous vivions l’un pour l’autre et nous étions heureux
« Des mêmes souvenirs, si doux et si nombreux ;
« Des mêmes intérêts, de la même espérance.

« Nous vivions dans la paix, tous deux, et dans l’accord.
« C’est fini je suis seule à présent. Il est mort.
« Seule, non !… J’ai mon deuil, sa tombe et ma souffrance !