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120 LES FEMMES POÈTES BRETONNES

« Quel bonheur dans le mois des roses, arrosées
« Par ces pleurs du matin qu’on appelle rosées ;
« Dans avril, qui secoue au vent l’herbe et la fleur ;
« Dans juin, qui rit et chante enivré de chaleur ;
« Dans septembre, qui tremble aux suaves caresses
« Qu’un zéphyr amoureux met sur ses blondes tresses !
« Et, plus tard, quel bonheur, même au sein des hivers,
« Si tu m’avais aimée, ici, dans ces déserts !… »

Tout à coup le regard errant de la vestale
Se fixa, retenu par unie fleur d’opale,
Lis stérile à moitié flétri, déjà penché
Vers le sol, et mourant d’un mal lent et caché.

« Vois cette pâle fleur qu’un insecte dévore,
« Là, sur ce frais gazon que le soleil colore ;
« Son sort m’attend. Déjà, comme ce lis mourant,
« Je cache dans mon sein un poison dévorant…
« La mort ! je porte, ainsi que la fleur abattue
« Et stérile, je porte un poison qui me tue !…

« Pourtant je n’aurais pas voulu mourir… Mourir,
« C’est affreux !… As-tu vu les roses se flétrir
« Et perdre, feuille à feuille, au vent des agonies,
« Leurs formes, leurs beautés, leurs grâces réunies ?
« As-tu vu quelquefois les ailes se fermer,
« La colombe tomber, ou l’aigle s’abîmer,
« Ou le cygne chantant son dernier chant de joie