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Le bruit pour le repos, la lumière pour l’ombre.
Cependant nulle part rien n’est froid, rien n’est sombre ;
Le ciel est toujours bleu, l’astre toujours vermeil ;
C’est le recueillement, ce n’est pas le sommeil.
Les roches de granit aux fronts blanchis et chauves,
Aux flancs jaunes, moussus comme des bêtes fauves,
Semblent subir aussi, dans ce recueillement,
Le charme de l’extase et de l’apaisement.

. . . . .



Elle quitta le mont et revint vers la plaine :

« Vois la ronce où l’agneau perd ses flocons de laine ;
J’y déchire ma robe et mes voiles divins,
Quand je poursuis ton ombre à travers les ravins. »

Puis retrouvant enfin ses douces rêveries :

« Quel bonheur d’admirer ensemble, en nos prairies,
« Ces fleurs d’or que les dieux sèment sur nos gazons,
« Qui poussent sans culture et dans toutes saisons !…
« Et la bruyère rouge, ornement des collines,
« Et les mûriers fleuris en touffes cornalines,
« Et parmi les bourgeons qui viennent de s’ouvrir,
« La moisson que mes yeux ne verront pas mûrir !…
« Quel bonheur pour nous deux, dans la saison nouvelle,
« Si tu m’avais aimée à l’heure où se révèle
« L’amour aux nids de mousse, aux arbres verdissants,
« Aux végétations, aux êtres frémissants !…