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la voix humaine ; c’est la suprême harmonie, c’est l’art incréé et éternel ! »

Il me semble que nul ne saurait mieux décrire la poésie que celle qui est morte en chantant, le 17 décembre 1889.

Voyons maintenant des fragments de Velléda.

VELLÉDA

chant ixe

Le chrétien lui jeta le regard de détresse
Du naufragé qui va sombrer ; mais la prêtresse
Ne vit pas ce regard, ou ne le comprit pas.
Elle arrachait des fleurs aux tiges des bruyères,
Et regardait rouler les fleurs avec les pierres.
Puis elle murmurait ces mots : « C’est moi, toujours !
« Ce sont mes jours tombés dans le torrent des jours :
Pierres et fleurs, roulant de ma vie aux abîmes,
Pareilles à ces fleurs, à ces pierres des cimes ! »

Son délire avait pris un air plus langoureux
Et plus tendre ; sa voix, un ton plus douloureux
Et plus triste.

Elle dit : « Si tu m’avais aimée,
La nature en serait elle-même charmée.