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ÉLISA MERCŒUR

Contre cet avenir qu’ils léguaient à leur mère
Tes fils d’un jour d’orage échangeaient les moments.

Tes pleurs, versés pour eux, te rendirent plus belle.
Qu’à leur pur souvenir ton regret soit fidèle !
Comme ton Panthéon, temple de tous les dieux,
Le cœur a son autel pour chacune des ombres,
       Dormant au sein de tes décombres,
       Dans leur cercueil silencieux.

Et toi qui, réchauffant au foyer de la gloire
Tes membres engourdis par le froid de tes fers,
Va, dans la liberté vengeant tes maux soufferts,
De son fatal exil rappeler la victoire,
N’as-tu pas vu (jadis si longtemps infécond),
       Plein des flots d’une sève amère,
       Un rameau du cyprès d’Homère
Mêler son noir feuillage au laurier de Byron ?

Homère !… il apparut presque au matin du monde,
L’univers s’enferma dans son âme profonde.
En livrant son esquif aux tempêtes du sort,
Du culte poétique, hélas ! prêtre et victime,
Lui seul se comprenait dans sa douleur sublime,
       Et pour vivre attendait la mort.

Mendiant, fugitif sous les cieux d’Ionie,
Tu prodiguas l’outrage à son malheur sacré.
L’infortune ici-bas est la sœur du génie :