Page:Riom - Les Femmes poètes bretonnes, 1892.pdf/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et l’écho ne redit que les accents du pâtre
Qui rappelle son lent troupeau.

Le palais est sans maître et l’autel sans idole.
Il ne résonne plus sous un char triomphal,
Ce pavé qui jadis menait au Capitole,
Et qu’une herbe jalouse a su rendre inégal.

Comme tes murs sacrés s’écroula ta fortune :
Plus d’encens, de victoire et de triomphateur,
Dans ces lieux où Sylla jeta de la tribune
Sa couronne de dictateur.

De ta palme civique et de ton diadème,
Toi qui t’embellissais dans ta grandeur suprême,
Aigle, si près des cieux dans ton vol arrêté,
Réponds, toi qui le sais, combien coûte la gloire ?

Combien s’achète un mot d’histoire ?
Combien as-tu payé ton immortalité ?…

Du sang de ses deux fils Brutus paya la sienne.
Le Volsque recueillit l’exilé Marcius.
Le Gaulois pesait l’or… La roche tarpéienne
Fut la tombe de Manlius.

Mais déjà tu souillais la toge consulaire :
Ce n’était plus le temps de ta vertu sincère,
Où des Cincinnatus, fiers de la pauvreté,
S’inclinaient, orgueilleux, sur la charrue antique,