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Tu meurs, un vent du soir vient t’embrasser encore,
Mais ses baisers glacés pour toi sont des adieux.

LA GLOIRE

Du sommeil du passé le souvenir t’éveille,
Rome ! il te rajeunit de trente siècles morts.
Il dit au lendemain tes gloires de la veille,
Dont le Tibre conserve un reflet sur ses bords.

Étoile solitaire à l’immortelle flamme,
L’oubli n’ose opposer son voile à ta clarté,
Vénus des nations, toujours jeune pour l’âme,
C’est au miroir du cœur que se peint ta beauté.

Tes débris sont des pas laissés par ta puissance,
Ton deuil est ta parure aux yeux de l’univers,
Le génie inspiré comprend ton grand silence ;
Les ombres de tes fils repeuplent tes déserts.

Géant tombé, qui dors sous le poids de ta gloire,
Le temps que dévora ton avide mémoire,
A frappé sur ton front un sceau de majesté.
Qui pourrait comparer sa force à ta faiblesse ?
Quel empire aujourd’hui pourrait à ta vieillesse
Égaler sa virilité ?

Écoute !… Rien !… J’ai cru… Sur ton muet théâtre
La mort depuis longtemps a tendu le rideau,