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et de la faim sont venues la tenter ; semblable aux célèbres épées du moyen âge qui résistaient à toutes les attaques parce qu’elles étaient mieux trempées que les autres, l’héroïque jeune fille a su tomber à vingt-six ans, en pleine poésie, en pleine fleur, dans son cercueil virginal.

N’a-t-elle pas le droit d’être appelée la Muse bretonne ? N’est-elle pas la digne fille de cette province à la chaste devise :

Potius mori quam fœdari ?

LA FEUILLE FLÉTRIE

Pourquoi tomber déjà, feuille jaune et flétrie ?
J’aimais ton doux aspect, dans ce triste vallon.
Un printemps, un été, furent toute ta vie ;
Et tu vas sommeiller sur le pâle gazon.

Pauvre feuille ! il n’est plus le temps où ta verdure
Ombrageait le rameau dépouillé maintenant.
Si fraîche au mois de mai ! faut-il que la froidure
Te laisse à peine encore un incertain moment !

L’hiver, saison des nuits, s’avance et décolore
Ce qui servait d’asile aux habitants des cieux ;