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ÉLISA MERCŒUR

leçons de littérature, d’anglais et même de latin. Elisa lui avait voué une tendresse toute filiale ; mais, lorsque l’enfant, devenue jeune fille, réunit à la beauté les charmes du savoir et de l’intelligence, son professeur, en admirant cette nouvelle Galathée formée par lui, en devint amoureux. En vain, Elisa essaya de retrouver un père dans ce vieillard : il était atteint d’une de ces passions séniles dont on meurt ; la jeune fille, effrayée, décida sa mère à partir avec elle pour Paris.

Son début fut heureux ; enivrée de promesses, elle adressa des vers au ministre de l’intérieur, M. de Martignac, qui lui obtint une pension de douze cents francs. Elisa crut alors son existence assurée et se mit avec ardeur au travail. Elle avait déjà commencé une tragédie et un roman, lorsque, quinze jours après, les journées de juillet lui enlevèrent son protecteur, la pension fut supprimée. Mme Récamier, Victor Hugo, la duchesse d’Abrantès s’intéressèrent à elle ; on n’obtint rien ; cependant M. Guizot lui