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LES FEMMES POÈTES BRETONNES

produisirent une grande sensation, tous les yeux se fixèrent sur cette jeune fille, qui vivait seule avec sa mère, dans un état voisin de la gêne. On sut qu’Élisa avait un volume de poésies en portefeuille ; on le fit imprimer chez M. Mellinet-Malassis, par souscription ; l’auteur le dédia à Châteaubriand.

Tends une main propice à celui qui chancelle ;
J’ai besoin, faible oiseau, qu’on veille à mon berceau,
Et l’aigle peut du moins à l’ombre de son aile
Protéger le timide oiseau.

Châteaubriand lui répondit une lettre très flatteuse. « La gloire que vous avez si noblement chantée, lui disait-il, ne sera point ingrate envers vous, » etc.

Lamartine, après avoir lu son volume, s’écria : « Cette petite fille nous effacera tous. »

Les éloges étaient peut-être exagérés, mais qui peut savoir quelle eût été la puissance d’un chant dont nous n’avons connu que les préludes ?

Mme Mercœur connaissait un ancien professeur qui donnait gratuitement à sa fille des