Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/98

Cette page n’a pas encore été corrigée

immédiate de toutes les auberges. Voilà donc, partout, les voyageurs interrogés, sommés de décliner leurs noms et qualités, d’exhiber leurs passeports, et, partout aussi, la curiosité aux aguets. Chacun s’émeut, Mme  Clément de Ris plus que personne car cette inquisition ébruite ce qui doit être tenu secret. Elle supplie le Commissaire de ne plus s’occuper d’elle ni de son mari ; elle est décidée à tout sacrifier pour le ravoir : l’intervention du Gouvernement lui fait le plus grand tort. Le Commissaire la rassure : il n’est pas, en tout ceci, question d’elle ni du Sénateur ; la coïncidence, fâcheuse sans doute, ne saurait lui nuire. Elle se laisse ou feint de se laisser convaincre. Mais l’éveil est donné. L’hôte des Trois Marchands a maintes fois hébergé des chouans ; il se sent suspect ; il prend l’alarme, et monte à la chambre de Mme  Clément de Ris. En termes violents il lui reproche de discréditer sa maison, qui passera pour un repaire de brigands. Il parle haut, toutes portes ouvertes ; il veut donner le change aux gens de police, qui, d’en bas, l’écoutent ; il veut aussi, au cas échéant, prévenir les gens attendus qu’ils sont surveillés. Il sort, laissant la malheureuse femme effrayée, moins de ses éclats de voix que de la crainte de voir les brigands renoncer à leur projet, et se venger sur son mari de leur déception.

L’affaire était mal engagée. Quand, à leur arrivée à Blois avec leur monde, dans la nuit du 9 au 10, Boisard et Chevillot apprirent du Commissaire ce qui s’était passé, ils purent se demander si leur mission ne se réduirait pas à signer un procès-verbal de saisie des policiers du Préfet