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militaire trop restreint : « La gendarmerie est partout sur pied, ce qui fait qu’elle est sur les dents » sic. Là, comme ici, l’on prenait ou l’on affectait de prendre l’effet pour la cause. Le mal, Fouché ne s’y trompa pas, était dans l’antagonisme des uns et des autres. Leurs rivalités les condamnaient à une impuissance que la négociation de Blois allait mettre dans tout son jour.


III

Rarement affaire demandant préparation discrète, unité de vues et de direction, fut abandonnée à la coopération confuse de confidents plus nombreux, intéressés à ne pas s’entendre. Fouché, Savary, Liébert, les Préfets d’Indre-et-Loire et de Loir-et-Cher, Mme  Clément de Ris, chacun s’en mêle et chacun l’emmêle à l’envi ; chacun feint d’entrer dans les vues du voisin, agit en dehors ou à l’encontre de lui, et, finalement, est dupe de ceux qu’il travaille à duper, à cela près que Fouché dupe tout le monde.

La journée du 7 avait été employée par le Préfet et par Savary à s’entendre avec les citoyens Bacot et Bruley[1], chargés, tandis que Mme  Clément de Ris irait à Blois de son côté, d’y porter les cinquante mille francs[2]. À la réunion assistait le citoyen

  1. Rectifions ici une inadvertance de M. Robert de Prugnes, qui cite, comme porteurs de la rançon, MM. Bacot, Bruley et de la Bellangerie.
    La Bellangerie était le nom de la propriété habitée, durant la belle saison, par Bruley, et sise près de Vouvray.
  2. Seize mille francs furent fournis par des amis, dont Bruley ; six mille par les frères Gouin, banquiers ; dix mille par le citoyen Petit, notaire ; dix-huit mille par le citoyen Lhéritier, le tout en espèces d’or et d’argent, remboursables, pour les deux premiers emprunts, dans le délai d’un mois, et, pour le troisième, à réquisition. Les reçus, signés de Mme  Clément de Ris, sont datés du 6 vendémiaire. Voir aux annexes.