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le présent au mécontentement du Premier Consul, privait dans l’avenir ses enfants d’un si puissant appui, et incitait les brigands, heureux de rencontrer des payeurs si bénévoles, à recommencer un jour leur coup. Ne valait-il pas mieux chercher moyen d’assurer la liberté du prisonnier sans compromettre sa vie, et de conjurer, en facilitant leur capture, une nouvelle tentative des ravisseurs ?

Ce moyen, Savary l’avait trouvé. Que Mme  Clément de Ris se hâtât de réunir la somme, mais en pièces d’argent, formant un poids lourd et encombrant ; que, pour détourner tout soupçon, elle la portât elle-même au lieu indiqué. Des agents déguisés y seraient et profiteraient de l’embarras des brigands pour les reconnaître, les épier et préparer leur arrestation. Il ne s’agissait pas de les poursuivre, encore moins d’entrer en lutte avec eux, mais de les suivre, à distance, prudemment, de savoir où ils portaient l’argent, de découvrir leur retraite. Ainsi, plus tard, et le Sénateur une fois libre, on saurait où les prendre, et l’on aurait toute facilité pour s’emparer d’eux. Au surplus, la prudence, l’intérêt du Sénateur commandaient cette façon d’agir. Laisser les brigands partir librement était perdre toute garantie contre eux ; la rançon touchée, ils restaient maîtres de ne pas tenir leur promesse et de garder l’otage.

Savary s’était montré habile et pressant. Vaincue, plus encore que convaincue, par ses arguments, Mme  Clément de Ris se prêta à ce qu’on voulait d’elle.

Ensuite, Savary questionna Petit, qui lui parut «