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est aujourd’hui certitude. Les brigands (l’un d’eux, plus tard, en fit la confidence[1]) avaient effectivement été reconnaître les lieux ; ils avaient pris un bain dans le Cher ; ils avaient caché des armes en un champ voisin du château.

Le lendemain (1er vendémiaire), jour de l’attentat, vers trois heures de l’après-midi, les quatre cavaliers avaient quitté Saint-Avertin. Ils étaient armés de fusils et bourgeoisement vêtus, chapeaux à trois cornes, longues redingotes à boutons de métal, gilets montants, larges cravates nouées autour du col, culottes ajustées au-dessous du genou. On les eût pris pour des chasseurs, n’étaient les sabres et les pistolets débordant les porte-manteaux placés en travers de leurs selles. À la sortie du bourg, deux piétons, venus d’un village voisin, les avaient rejoints. Se dirigeant vers Larçay, la troupe passa près d’une ferme appartenant au citoyen Martin Dansault. Dans un pré, attenant à l’habitation, un cheval paissait. En moins de rien, le cheval est pris, sellé, bridé de harnais tenus en réserve par les cavaliers, enfourché par l’un des piétons, et l’on repart. Les gens de la ferme ont vu le vol : ils s’arment, qui de fusils, qui de fourches, qui de bâtons, et donnent la chasse aux bandits. Serrés de près, ceux-ci se jettent dans les bois de Larçay, mettent pied à terre, et, abrités derrière les arbres, tirent sur les paysans, qui ripostent et, se sentant inférieurs à leurs adversaires, s’éloignent. Les brigands profitent du répit pour gagner les hauteurs dominant le Cher. À la ferme de Juspillard, propriété de Pierre Goupil, ils volent un

  1. Mémoires inédits d’A. de Beauchamp.