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qui, mis en cause par les vétérans pour son refus de visites domiciliaires[1], avait allégué que, parmi les gens de bonne volonté qui s’étaient joints à lui, plusieurs semblaient de complicité avec les bandits et cherchaient à égarer les investigations : « La troupe seule, concluait Liébert, peut ramener le calme en ces contrées. » Et, d’urgence, il demandait, – il ne cessera pas de demander, – l’envoi d’un peu d’infanterie et de cavalerie. Des lettres privées, reçues de Tours, confirmaient, avec les exagérations de circonstance, les renseignements officiel, et, portées par les destinataires à la connaissance du public, surexcitaient au plus haut point l’opinion. On s’indignait de la lenteur des recherches, des complaisances qui semblaient y présider. Était-ce là cette fameuse police dont on menait grand bruit ? Voilà comme elle s’entendait à protéger les personnages les plus en vue ? Impuissante à prévenir les crimes, elle était incapable d’en découvrir les auteurs ! Et les commentaires d’aller leur train.

Jaloux déjà de voir Savary s’immiscer dans une affaire qu’il regardait comme son fief, Fouché supportait impatiemment ces critiques. Il écrivit au Préfet d’Indre-et-Loire et lui reprocha, en termes vifs, son manque de vigueur : « Il ne faut pas, disait-il, que les dispositions du gouvernement soient plus longtemps paralysées par la timidité, la malveillance et l’esprit de parti. » Piqué, le Préfet rejeta l’insuccès des recherches sur les militaires, qui, de leur côté, se plaignirent d’être tenus par les autorités civiles dans l’ignorance

  1. Voir pages 58-59.