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dans le délai rigoureux de huit jours, à Blois, Hôtel des Trois Marchands, où quelqu’un se trouvera pour les recevoir. C’était la rançon du Sénateur. La lettre écrite, Petit est rappelé et chargé de la remettre à destination. On lui bande les yeux. Le paysan de garde le prend sous le bras, l’emmène, le conduit à travers bois, et, après un trajet qu’il évalua à une lieue environ, s’éloigne rapidement. Le chirurgien ôte son bandeau. Il est sur la lisière de la forêt : huit heures tintent à un village voisin ; au son, il reconnaît l’horloge de Montrésor. Il s’oriente, marche toute la nuit, et, au jour, arrive à Beauvais, où il avait été précédé de la veille par le postillon ramenant la voiture. L’un et l’autre disent ce qu’ils savent, peu de chose en somme. Mais si leur récit n’éclaire pas la justice sur le lieu où Clément de Ris est détenu, il rassure momentanément tous ceux qui tremblaient pour sa vie[1].


II

Le départ des brigands emmenant le Sénateur avait laissé abasourdis les serviteurs de Beauvais. La crainte d’un retour offensif les clouait à leur inertie. À mesure toutefois que se perdait dans le lointain le bruit des chevaux et de la voiture, la présence d’esprit leur revint, et, avec elle, l’inquiétude de savoir où l’on conduisait le prisonnier. Des étages supérieurs de la maison, le valet Métayer vit la bande se diriger vers Athée. Un de ses camarades courut jusque-là, criant : Au secours ! Vain appel ; nul ne bougea ; portes et

  1. Dossier d’Angers. Dépositions de Petit et du postillon.