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au chirurgien et monte en croupe d’un de ses compagnons. Ordre est intimé au postillon de ramener à Beauvais la voiture avec le cheval de brancard, et de dire à Mme Clément de Ris qu’elle saura, avant peu, sous quelles conditions on lui rendra son mari. Et les brigands s’éloignent, emmenant leurs prisonniers.

Maintenant on est dans la forêt de Loches. La pluie tombe à verse ; l’obscurité est profonde. On demande à Clément de Ris et à Petit si la forêt leur est connue. Seul le chirurgien la connaît. – Va-t-il être pris pour guide par les ravisseurs ? Non. Car s’il peut donner, pour l’heure, des indications utiles, il pourrait, plus tard, fournir à la justice des indications dangereuses. À son tour on lui bande les yeux et l’on repart au grand trot. Par instants, la troupe s’arrête, prête l’oreille, écoute si elle n’est pas suivie ; le chef consulte avec ses compagnons ; ceux-ci pestent, jurent, frappent aux maisons de paysans qui se rencontrent, et, à voix basse, s’enquièrent où l’on est. Cette chevauchée à toute allure, sous la pluie battante, dure plusieurs heures. Où va-t-on ? les prisonniers l’ignorent. Mais à la rapidité du train, à l’eau qui les fouette tantôt à la figure, tantôt à la nuque, tantôt à droite, tantôt à gauche[1], ils devinent qu’on marche à l’aventure, qu’on est égaré, qu’on a hâte d’arriver avant le jour. Et ils vont. Ils vont sans relâche, entraînés, poussés par les brigands. Il faut, les yeux bandés, se maintenir en selle, trotter à travers fondrières, genêts, ajoncs, épines, sans pouvoir se garantir des branches qui les fouettent au visage. L’une

  1. Déposition du chirurgien Petit. (11 vendémiaire.)