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Il est un peu plus de six heures ; le ciel est couvert, la nuit proche. Néanmoins on a bandé les yeux du Sénateur, par précaution, car il reste assez de clarté pour qu’il puisse reconnaître la direction suivie, ou, en cas de rencontre, appeler et être lui-même reconnu. Évitant les routes fréquentées, le cortège gagne Athée. Il y croise l’officier de santé du bourg, le chirurgien Petit, en visite de malades. On l’arrête. On le force à prendre place dans la voiture à côté du prisonnier. La nuit est tout à fait venue et il commence à pleuvoir. Lentement, péniblement, car de récentes pluies ont détrempé le sol, on se dirige vers Sublaines, et, de là, vers Saint-Quentin-sur-Indrois, où l’on s’informe, auprès d’habitants qu’on réveille, du chemin de Loches et de celui de Genillé[1], ignorance des lieux donnant à supposer que les auteurs du rapt ne sont pas du pays.

L’Indrois franchi sur un petit pont, l’on arrive au coteau des Rôtis, région marécageuse, où l’on n’avance qu’avec difficultés. On s’en prend au postillon ; on le malmène ; il fouette ses chevaux ; un heurt ! un arrêt ! la voiture est embourbée. En vain l’on tente de la dégager. Le temps presse ; on l’abandonne. L’argenterie, l’argent, les bijoux sont placés dans les porte-manteaux des bandits. Le Sénateur est hissé sur un cheval, dont le cavalier dételle et prend pour lui le cheval de flèche du cabriolet ; un autre brigand cède le sien

  1. Loches et Genillé sont, par rapport à Saint-Quentin à l’opposé l’un de l’autre. Mais de l’un comme de l’autre on peut, à peu près dans le même temps, gagner La Beaupinaie, but du voyage. Ces deux localités forment en effet les extrémités de la base d’un triangle isocèle, qui aurait La Beaupinaie pour sommet, Saint-Quentin occupant le milieu de la base.