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issues, menaçant qui bougeait de lui brûler la cervelle ; ainsi tenus en respect, les serviteurs étaient ramassés en un groupe immobile et muet de peur ; dans une salle basse vitrée, gardée à vue, des paysans, des voisins ; parmi eux Mme  Bruley, et, ce qui le surprit davantage encore, l’officier de santé d’Azay-sur-Cher, le chirurgien Boissy. Tout cela saisi d’un rapide regard, car ses bourreaux le pressaient de monter en voiture, dans sa propre voiture ! Il étendit le bras, indigné. De la crosse d’un pistolet on lui rabattit le poignet : cela en présence de son jeune fils, accouru au bruit. L’enfant, les yeux noyés de larmes, vit emmener, bousculer, frapper son père, sans que personne osât le défendre. Une seule voix s’éleva, celle de Mme  Bruley. Elle représenta aux bandits l’âge, l’état de santé de leur victime, la barbarie de leurs odieux traitements. Protestation vaine : tout au plus amena-t-elle sur le visage de l’un d’eux une fugitive compassion[1].

Tout était prêt pour le départ. Le postillon est invité à monter en selle. Il s’y refuse. On le frappe à coups de sabre. Il cède. Les brigands sautent sur leur bêtes[2]. Défense est faite aux personnes présentes de les suivre, sous peine d’être fusillées, et la voiture, un lourd cabriolet attelé de deux chevaux, s’éloigne, escortée de toute la bande.

  1. Dépositions de Paulin Clément de Ris et de Mme  Bruley (2 vendémiaire).
  2. Ils avaient échangé un des chevaux volés contre le cheval du chirurgien Boissy.