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Tout effrayée, la jeune fille le remercia de l’avis, lui donna six francs, – probablement ce qu’il cherchait ! – et il s’esquiva, sans que nul songeât à s’emparer de lui. « Tous les domestiques étaient devenus fous ; cet homme avait gagné leur confiance à tous[1]. » Le lendemain, on sut que l’inconnu était un ouvrier de Tours, poursuivi pour avoir crié Vive le Roi et abattu des bonnets de la liberté, et qui se sauvait, semant l’alarme. Les tentatives de vol ou de brigandage n’étaient pas rares alors et leur fréquence explique l’inaction des domestiques terrorisés. Quelque temps auparavant, près de Larçay, à six kilomètres de Beauvais, vingt hommes armés avaient attaqué une ferme, ligoté les habitants, emporté l’argent, l’argenterie, le linge et les bijoux : « Tout le monde est sur le qui-vive, lit-on dans une lettre de Clément de Ris. Nous faisons coucher Dupuy, de Mauny[2], dans la lingerie avec Antoine ; Milon dans le lit de ta sœur ; Sylvain Gagneux dans le lit de Mme Bournigal, et enfin Joseph et Jean dans la chambre à trois lits auprès de Métayer. Nous tenons de la lumière toute la nuit dans la chambre de Paulin. Avec ces précautions, nos verrous, nos trois chiens et nos armes bien chargées, nous dormons en les attendant de pied ferme[3]. »

La haine de l’émigré, la crainte des chouans troublaient, jour et nuit, le repos de Clément de Ris. Sans doute le nom de chouans était pris par de simples malfaiteurs intéressés à couvrir leurs

  1. Lettre de Clémentine Clément de Ris à son père.
  2. Propriété contiguë à Beauvais et achetée par Clément de Ris.
  3. Lettre à son fils Ange.