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et leurs biens étaient mis sous séquestre.

Le coup fut rude. Les fermages de Bretagne constituaient le plus clair de leurs revenus. On était gêné quand les fermiers payaient mal. Que serait-ce maintenant qu’ils ne paieraient plus du tout ? On congédia Le Berre. C’était une sanction : la morale y trouvait son compte. Ce n’était pas un remède : les choses restaient après ce qu’elles étaient avant. Clément de Ris s’adressa aux pouvoirs publics, prouva qu’il y avait erreur, fit agir des amis, et finit, le 11 septembre 1797, par obtenir gain de cause. Les négociations avaient duré trois années pleines, trois années où l’on n’avait rien touché ; trois années durant lesquelles il avait fallu subvenir à des dépenses, qu’on ne pouvait éviter, à l’aide de ressources dues à des emprunts à titre onéreux, à des ventes, à vil prix, de terres, de bétail, de chevaux et de voitures ; trois années de gêne, de privations et de sacrifices. Et cela dans un temps où le renchérissement de toutes choses, la rareté du numéraire, la dépréciation des assignats, rendaient la vie chaque jour plus étroite et plus difficile. Un état de fortune, dressé en décembre 1796, témoigne qu’à cette date le revenu de la famille était descendu de 26 mille livres (chiffre, en numéraire, de 1791) à un peu moins de 4 mille livres. Quatre mille francs pour fournir à l’entretien d’un vaste domaine et à la dépense de dix-huit personnes ; payer les gages de douze serviteurs ; pourvoir à l’éducation de quatre enfants, dont l’un à Paris et un autre en pension à Pontlevoy ; verser l’intérêt des emprunts contractés ; suffire à la charge de contributions écrasantes !