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des ressemblances de détails dont Balzac allait tirer parti pour les fondre l’une dans l’autre, ce qui a eu pour effet de les faire confondre l’une avec l’autre. Pour le moment, un seul de ces détails le retient, mais l’attache, le fascine, ce vide que la fouille a laissé dans le gazon. Son imagination y découvre une clarté soudaine. On a parlé, lors de l’attentat de 1800, de papiers cachés et recherchés ; le vide témoignera de l’existence de ces papiers. Trouvés par les brigands ils auront été portés et brûlés là. Pourquoi supposer autre chose ? Quelle vérité vaudra jamais cette vraisemblance ? Ne voit-on pas la scène ? Cette scène, il l’écrira, mais plus tard, beaucoup plus tard[1], quand il établira l’intrigue du roman alors entrevu. En attendant, il vit sa fiction, et, au cas échéant, il la parle ; il en étudie l’effet, sûr moyen de juger de ce qu’elle vaut.

Or, en 1823, un hasard lui fait rencontrer la duchesse d’Abrantès, alors occupée à préparer ses Mémoires. Quelle occasion, pour l’un comme pour l’autre, de se documenter ! La duchesse a connu tout le haut personnel politique du Consulat, elle a vécu à la Cour impériale, rencontré fréquemment Clément de Ris chez Mme Mère et chez l’Impératrice Joséphine ; elle a su les dessous de maintes intrigues ; elle renseignera le romancier. Le romancier a passé en Touraine une partie de sa jeunesse, sa famille était en relations avec les Clément de Ris, il a vu et entendu des témoins du fameux attentat, recueilli des bruits dont Paris n’a eu que l’écho affaibli ; il renseignera la duchesse. Et les voilà causant. Ils parlent : chacun suit son idée, c’est-à-dire son profit, sans livrer

  1. en 1843.