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de culpabilité résulte de l’affirmation d’un de ceux dont ils ont invoqué le plus complaisamment le témoignage quand il semblait favorable aux prévenus, M. A. de Beauchamp : « Je ne crois pas, lit-on dans ses Mémoires inédits, que Charles ait eu l’intention de nuire par préférence à Mme  Lacroix, avec qui il était bien, ni à MM. de Mauduison et de Canchy, qu’il avait été chercher exprès, et qui ne pensaient pas à lui. »

Nous n’ajouterons rien à ces paroles. Nous croyons avoir assez établi la part à faire à la légende dans ce qui a été dit ou écrit sur cette mystérieuse affaire. Légende la participation de Clément de Ris à un prétendu complot de Marengo ; légende le roman attribuant à Fouché, par désir de recouvrer des papiers compromettants, l’attentat contre le Sénateur ; légende l’ordre intimé à ce dernier de se refuser à toute confrontation et de ne pas paraître aux débats ; légende son insensibilité et son indifférence au sort des inculpés ; légende enfin l’innocence de ceux qui furent exécutés.

Pour nous, la vérité est telle : des chouans, lie du parti, « hommes perdus de dettes et de crimes » conçurent, en vue de se procurer de l’argent, soit par vol, soit par rançon, l’idée de l’enlèvement et le préparèrent. Il leur fallait des auxiliaires. La haute situation de la victime et sa qualité d’acquéreur de biens nationaux prêtant à donner à l’entreprise les apparences de représailles politiques, ils gagnèrent à leur dessein des jeunes gens de familles honorablement connues : leur fougue les servirait dans l’exécution, l’aisance de leur situation les garantirait contre un partage du profit, l’éloignement de leur résidence