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On avait abusé de sa crédulité. Or les gens dupés n’aiment pas à s’entendre rappeler qu’ils ont été dupes. À la qualité de dupe s’attache toujours quelque ridicule, et plus on est haut placé, moins facilement on se résigne à avoir contre soi les rieurs.

Sans doute il eût été de bonne politique de prendre les devants, de sourire le premier de sa mésaventure. Peut-être Clément de Ris l’eût-il fait si son silence n’avait eu d’autres raisons que la vanité et l’égoïsme. Ces raisons, nous les avons indiquées telles qu’elles nous apparaissent. Il se tut d’abord par nécessité, par scrupule, par loyauté ; il continua à se taire par amour-propre, et aussi par sensibilité ; la pensée qu’à cause de lui des têtes étaient tombées sur l’échafaud était demeurée odieuse à son souvenir[1]. Il ne se tut pas par ordre, il ne se tut pas par peur, encore moins par remords : sa conscience ne pouvait lui reprocher la condamnation d’hommes que son intervention n’eût pas sauvés, qu’il savait coupables, et qui l’étaient en effet.


III

Nous n’ignorons pas que l’esprit de parti, mettant à profit les déclarations de Viriot et le cri de Canchy : « Je suis assassiné et non jugé ! » a protesté dès l’origine, et n’a pas cessé de s’élever plus tard contre la légalité et l’équité de l’arrêt

  1. Rappelons ce qu’il disait dans sa lettre au Président du Tribunal spécial de Maine-et-Loire : « La condamnation me fera éprouver un sentiment profondément pénible, qui me suivra toujours ! »