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et moins résignée. À peine le drame qui lui prenait son fils avait-il eu son dénouement, qu’elle chargeait le citoyen Foucaud-Cesbron, d’Angers, de réclamer restitution des six mille francs comptés à Viriot lors de son passage à Nogent-le-Rotrou, et de deux mille francs déposés chez Dupray[1] : « Le scélérat, disait-elle de Viriot, plus bourreau de mes enfants que le malheureux qui a été obligé d’exécuter les ordres de la Justice, voudra-t-il y ajouter le rôle de voleur, ou rendra-t-il les 8.000 francs[2]. » Cette lettre, communiquée au Commissaire du Gouvernement, mais dont le citoyen Cesbron refusa de se dessaisir, a disparu, et sa disparition commande, à l’égard de ces paroles, la circonspection. Mais les sentiments dont elles témoignent ne blessent pas la vraisemblance. Ils s’expliquent tout ensemble par l’exaltation de la douleur et par l’indignation d’une âme droite et fière. Seule l’estime force la reconnaissance. Si les faits reprochés à Viriot étaient exacts, quel mépris l’infortunée ne devait-elle pas garder au justicier prêt à trafiquer de la justice ? Quel ressentiment à l’homme qui avait leurré sa tendresse d’un irréalisable espoir ? Quelle rancune au juge dont la vénalité attirait la suspicion sur la foi que, mère, elle avait dit avoir en l’innocence de son fils ? Car, il faut le dire, contre de Canchy et de Mauduison, la plus forte présomption de culpabilité résultait des efforts mêmes de leurs proches pour acheter la conscience de Viriot.

À la suite de son incartade, celui-ci avait été cité devant le Tribunal. Il aggrava son cas par sa

  1. Voir la note des pages 221-222.
  2. Rapport du Ministre de la Guerre aux Consuls.