Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/243

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’un acquittement cru certain, ils avaient commandés pour leur sortie de prison. Par des rues détournées le cortège, précédé de fifres et de tambours, gagna le Champ de Mars, où l’échafaud avait été dressé. Front haut, les condamnés y montèrent, et leur tête tomba dans le silence impressionnant d’une foule péniblement émue.

Le samedi suivant (16 brumaire), sur la place des Halles, l’échafaud se dressait de nouveau. Cette fois la foule était agitée, bruyante : elle attendait les époux Lacroix. Ils furent liés aux poteaux, sous un écriteau portant le motif de leur condamnation. L’exposition dura quatre heures. Un seul incident la marqua ; une main inconnue lança un bouquet aux pieds de Mme  Lacroix.

Le soir même, le Général Girardon annonçait au Ministre de la Police que justice était faite : « La ville est tranquille, écrivait-il, et malgré les différentes sensations que les débats et les talents des défenseurs avaient fait naître, la décision du Tribunal, qui jouit de l’estime universelle, a imposé silence et a été respectée[1]. »


II

Tranquillité de surface ! Trop de passions, au cours des recherches et de l’instruction comme au cours des débats, avaient été excitées, trop de haines soulevées, trop d’intérêts lésés, trop de

  1. « J’applaudis aux mesures que vous avez prises pour maintenir la tranquillité, répondit Fouché par retour de courrier. J’écris au Substitut du Commissaire du Gouvernement, qui vous a secondé, ainsi que vous me l’annoncez, avec beaucoup de zèle, pour lui témoigner ma satisfaction. » Archives administratives de la Guerre. Correspondance générale.