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loin des lieux où, quelques heures plus tard, devait tomber la tête de son mari.

Pendant ce temps, les membres du Tribunal étaient rentrés dans la salle des délibérations pour signer le verdict. Quand on présenta la plume à Viriot, il refusa de signer. Sentant toute la gravité de son acte, mais le mettant au compte de sa surexcitation, ses collègues s’efforcèrent d’en prévenir les effets. Raisonnement, prières, ils employèrent tout pour le ramener. Vaines instances : « Je ne veux pas me déshonorer ! » dit-il. Il partit, sauta à cheval, et, d’une traite, alla jusqu’au relai de la Croix-Verte, où une chaise de poste l’attendait, – précaution suspecte, et qui justifierait l’inculpation de connivence entre lui et les partisans des condamnés. Il avait promis l’acquittement ; il avait échoué ; ce qu’il n’avait pu obtenir de la Justice, il essayerait de l’obtenir de la clémence du Premier Consul. Arrivé à Paris dans la nuit, il courut aux Tuileries : Bonaparte était absent. Il se présenta chez Joséphine ; elle le reçut, l’écouta, et se refusa à intervenir. Il vit les généraux Mortier et Junot ; ils se dérobèrent. Serait-il plus heureux auprès du Ministre de la Justice, Abrial ? Quand, après longue attente, il parvint jusqu’à lui, ce fut pour apprendre l’inutilité de sa démarche : Gaudin, de Mauduison, de Canchy n’étaient plus ; la Justice avait suivi son cours.