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Lors du départ de Bonaparte pour la campagne d’Italie, on avait, dans les milieux politiques, envisagé l’éventualité de sa mort ou d’un revers de la fortune atteignant son prestige et permettant de le renverser : c’était la porte rouverte à l’anarchie, aux rivalités d’ambition, aux compétitions ; il était bon de se tenir prêts. De divers côtés l’on y songea. Il avait été question de triumvirats, ici Joseph Bonaparte, La Fayette et Carnot ; là Fouché, Clément de Ris et Talleyrand ; ailleurs, d’une coalition de mécontents rapprochant Sieyès, Carnot, Talleyrand, Clément de Ris, Fouché, Moreau, Leclerc, Gilbert, Crouzé-Latouche : « Ils jouaient pour un d’Orléans[1]. » Fouché devait présider à l’exécution : des proclamations avaient été préparées, des affiches imprimées ; on n’attendait plus que le moment. Le 20 juin, la nouvelle fut apportée par deux courriers que, le 14, une grande bataille avait été perdue à Marengo par le Premier Consul. Aussitôt des mesures avaient été prises pour l’envoi et l’affichage des proclamations annonçant le Coup d’État. Sur ces entrefaites, était arrivé un troisième courrier : ce qui, le matin, avait été vrai, ne l’était plus le soir ; l’arrivée de Desaix avec la réserve avait rétabli la bataille et assuré la victoire. Là-dessus vif émoi. À tout prix il fallait détruire les traces matérielles du complot. Fouché avait confié ce soin à Clément de Ris, lequel, pour garder une arme contre Fouché (sait-on ce qui

  1. Mémoires de Lucien Bonaparte.