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à ses collègues les épithètes les plus injurieuses, se roula à terre, puis, à genoux, les conjura de sauver la vie aux accusés, et sortit en claquant les portes. Un écrivain Angevin[1], pourtant hostile au Tribunal, repousse ces accusations de Viriot contre le Président Delaunay : « L’inculpation, dit-il, est si grave que nous ne saurions l’admettre à la charge d’un homme passionné quelquefois, mais qui se montra toujours intègre et honnête dans l’exercice de ses fonctions. La fougue et les emportements de Viriot sont d’ailleurs trop visibles dans son écrit pour que l’on doive y ajouter une confiance entière. Nous sommes ainsi disposés à croire que si le Président Delaunay usa de quelque influence sur ses collègues, ce fut seulement pour leur rappeler un principe qui fait la base de notre droit criminel, à savoir que les preuves morales suffisent, à défaut de ces preuves palpables et matérielles exigées sous l’empire de l’ancienne législation. » Volontiers nous souscririons à cette interprétation.

D’après une autre version, plus vraisemblable selon nous, ce n’est pas au dîner, antérieur à la clôture des débats, que la scène se serait passée, mais dans la salle même, où, les plaidoiries achevées, le Tribunal s’était réuni pour délibérer. Quoi qu’il en soit, les objurgations de Viriot restèrent sans effet.

Le 11 brumaire, à 4 heures du soir, le Tribunal rendit son arrêt. De Canchy, de Mauduison et Gaudin étaient reconnus coupables de vol à main armée et avec menaces chez le citoyen Clément de Ris, et de séquestration arbitraire des citoyens

  1. Bougler. Mouvement provincial, tome II, page 152.