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Une fois entré dans cette voie, il s’y enlisa jusqu’à la témérité, jusqu’à l’aveuglement, jusqu’à l’indiscipline, se rendant à Paris sans permission, affirmant sans preuves et sur on-dit que de faux accusés avaient été substitués aux vrais coupables, que ceux-ci étaient des agents de police exilés en Angleterre, que lui-même avait signé leurs passeports à Tours. Pourquoi, s’il connaissait effectivement les coupables, ce « patriote dévoué » ne les avait-il pas fait connaître ? Pourquoi, s’il était uniquement guidé par l’amour désintéressé de la vérité, ne s’était-il pas récusé comme juge et n’avait-il pas demandé à être entendu comme témoin ? Quelle apparence que le gouvernement, si les titulaires des passeports visés ne faisaient qu’un avec les auteurs de l’attentat, eût précisément choisi, pour faire partie du Tribunal, celui que sa fonction de préposé au visa désignait pour en être écarté ? La vérité est que Viriot rééditait simplement les bruits répandus à Tours, et colportés déjà naguère par l’avocat Blain dans un café de Chinon[1].

Arrivé à ce point de suggestion, Viriot aurait cherché, par tous les moyens, à capter les suffrages de ses collègues en faveur des accusés : « Au retour de son voyage à Paris, lisons-nous dans le Rapport du Général Girardon, il les a entretenus chacun en particulier, leur a dit avoir chassé avec les généraux Mortier et Junot qui l’ont assuré que l’intention du Premier Consul avait été de faire grâce, mais qu’il en avait été empêché par les cris du Sénat et du Tribunat ; qu’au surplus il s’en était assez expliqué pour assurer que si les

  1. Voir page 198.