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la flatterie, partant facile à conduire par les raisons de sentiment et difficile à ramener par le raisonnement, il avait été, dès la première heure, visé par les partisans des accusés, et, bientôt, sollicité par Mmes de Canchy et de Mauduison. Se laissa-t-il, comme l’affirme le rapport de ses chefs, corrompre à prix d’or[1] ? L’accusation est telle qu’on hésite à l’accepter sur de simples on-dit. Il est certain que par prières, flatteries, promesses ou présents, on l’avait fortement circonvenu ; qu’il avait eu des entrevues avec Mmes de Canchy et de Mauduison ; qu’il avait reçu confidence de leur dessein de soulever, au cas échéant, un mouvement parmi les carriers, qu’elles avaient réussi à faire entrer en lui la conviction de l’innocence de leur mari et de leur fils ; qu’il apportait aux débats une opinion préconçue ; qu’il avait promis d’obtenir l’acquittement.

  1. Mis en relations, par l’intermédiaire du citoyen Dufray, inspecteur aux fourrages de la 22e Division militaire, avec Mmes de Canchy et de Mauduison, Viriot, quelque temps avant le jugement, leur avait rendu visite à Nogent-le-Rotrou. Ces dames, le 1er brumaire, auraient souscrit à son profit deux billets à ordre de 30.000 francs, endossés par Dufray et sa femme, et payables, l’un le 11 et l’autre le 21 brumaire. Ils ne furent pas acquittés, à raison de la condamnation, mais il ressortirait d’une lettre de Mme de Mauduison au citoyen Cesbron, négociant à Angers, que Viriot aurait reçu 6.000 francs lors de son voyage à Nogent-le-Rotrou, et il semblerait avéré, qu’au lendemain du jugement, il aurait acquitté chez un orfèvre une dette assez forte. Il est également certain que si, lorsqu’il fut traduit devant le Tribunal, il nia avoir jamais reçu aucune somme pour corrompre les juges, il ne dit pas qu’on ne la lui eût pas promise après acquittement. Il se pourrait donc qu’il eût joué sur les mots. D’autre part, sous l’Empire, ayant sollicité la confirmation du grade de capitaine-instructeur dans un régiment offert par le prince allemand Maurice d’Issembourg, sa requête fut rejetée avec cette note : « Disgracié en l’an X, comme prévenu d’avoir vendu son opinion dans l’affaire de M. le Sénateur Clément de Ris. » Archives administratives du Ministère de la Guerre.