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des grains à battre, et jugez de mes inquiétudes et des torts réels que je vais avoir encore à supporter. Il me serait au moins essentiel que leur séjour à Angers fût le plus court possible, et que je pusse être averti un peu d’avance du temps et du terme de l’absence de tant de gens qu’il me serait si précieux de garder. C’est sur cet objet que je réclame avec confiance votre bienveillance, citoyen Président. J’ose espérer y avoir quelques droits par tout ce que moi et les miens nous avons déjà souffert dans cette exécrable catastrophe, et par l’influence horrible qu’auront pour moi et les miens ses malheureuses suites.

» Si je redoute la privation de mes domestiques et l’abandon de mes propriétés, je frémirai bien davantage si votre Tribunal se décidait à appeler ma femme et mon jeune fils. L’exacte vérité est que ma chère femme a la vue tellement basse qu’elle ne reconnaît pas les traits d’un individu à deux pas. Je vous laisse d’ailleurs à juger de l’état de l’âme de la plus tendre des épouses, qui, déjà très dangereusement malade depuis vingt-huit jours, voit traîner à une mort, qu’elle croyait assurée, l’unique objet de ses plus tendres affections depuis vingt-cinq ans. Quant à notre pauvre enfant, il avait alors douze ans et demi. Sa tendre mère mourrait d’inquiétude et de douleur, si elle voyait traîner ce cher enfant au milieu des nombreux complices de nos bourreaux. Et de quelle nécessité est le témoignage de ce cher enfant dans un procès où il y a trente autres témoins d’un âge mûr ? Je vous ai dit mes peines, citoyen Président. Je ne pouvais les déposer dans le cœur d’aucun citoyen pour lequel