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lumière et des personnes intéressées à la maintenir dans l’ombre. Jaillirait-elle d’un examen confié à des juges plus étrangers aux passions locales, aux influences de l’ambiance, aux timidités nées du contact quotidien avec des gens dont, inconsciemment, ils reflètent les impressions ou appréhendent de heurter les sentiments ?

Les feuilles publiques, en portant au loin le compte rendu des débats, avaient contribué à raviver dans le pays entier l’émotion jadis causée par l’attentat. Elles avaient réveillé un souvenir que, chez beaucoup, tant de mois écoulés, tant d’événements survenus, avaient endormi. Ce qui n’offrait plus qu’un intérêt restreint, circonscrit à un certain milieu ou à une certaine région, reprenait un intérêt général. Mis en mesure, d’après les révélations du procès plaidé à Tours, de se faire une opinion, sinon une conviction, chacun attendait les déclarations qui devaient la confirmer ou l’infirmer. Tout dépendait de la résolution du Sénateur. Viendrait-il ? Parlerait-il ? S’entêterait-il dans la perpétuité d’un silence prêtant à toutes les hypothèses ?

Ouverts en ces conditions, les débats d’Angers allaient prendre une ampleur que n’avaient pas eue ceux de Tours.


II

L’arrêt rendu avait déconcerté Clément de Ris. Il eût accepté un acquittement ; il se fût résigné à une condamnation ; c’était, dans l’un et l’autre cas, la libération pour lui. Mais il lui pesait d’être à nouveau inquiété dans son repos, tourmenté dans