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de suspecter l’indépendance et la véracité ; au contraire, les témoins à charge déposaient contre des prévenus inconnus d’eux avant le crime ; eux-mêmes étaient connus de tous ; leur impartialité ne pouvait être soupçonnée. Il abandonnait volontiers les poursuites en ce qui concernait Aubereau, Leclerc et Lemesnager ; mais réclamait, pour le couple Jourgeon, six mois d’emprisonnement, vingt-quatre pour la femme Lacroix, et concluait, pour les quatre inculpés restants, à la peine de mort.

La parole était aux défenseurs. Entre toutes, une plaidoirie fit sensation, celle de Chauveau-Lagarde. Il constata, par pièce authentique, que de Canchy était myope, dur d’oreille, et, depuis une maladie, privé, ou peu s’en faut, de l’usage d’un bras : « Comment, s’écria-t-il, un homme si incomplet serait-il voleur, assassin, ravisseur ? » Pour de Mauduison, enrôlé quelque temps sous les drapeaux de la rébellion, toute sa conduite ultérieure prouvait la sincérité de sa soumission. Le Commissaire du Gouvernement avait attaqué l’honorabilité des témoins de la défense ? Elle était au-dessus de toute atteinte ! Il avait exalté la confiance due aux témoins de l’accusation ? Mais ils avaient reconnu tous les accusés, et l’organe du ministère public concluait néanmoins à l’innocence de trois d’entre ceux-ci ? Les mêmes témoins dignes de confiance, quand il s’agissait des uns, cessaient de l’être quand il s’agissait des autres ? Enfin l’éloquent défenseur s’éleva contre la non-comparution, essentielle cependant, des agents de la délivrance, et plus encore du Sénateur, de sa femme et de leur fils. On avait lu leurs