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ouvert sur les émigrés rentrés, sur les chouans, et sur tous les gens de ce parti. Cette poignée de scélérats sera bientôt réduite à l’impuissance de nuire. » Des engagements pris avec les ravisseurs, qui donc oserait en parler ? Les inculpés ? Invoquer l’oubli promis serait avouer le crime dont ils persistaient à se dire innocents. D’ailleurs, quel engagement pouvait lier à des gens qui venaient de trahir les leurs ? On tenait les coupables ; les lâcher serait un crime envers le pays ! Et, fort de la confiance de Bonaparte ; invoquant – à défaut de la légalité – la légitimité des mesures nécessaires à la défense d’une société dont la sauvegarde lui était confiée ; en repos avec les capitulations de sa conscience, il réitérait confidentiellement au Préfet d’Indre-et-Loire l’ordre, en cas d’acquittement, de faire conduire à Paris, sous bonne escorte, de Canchy, de Mauduison et Gaudin : « Ces trois individus, disait-il, les seuls de ceux arrêtés qui m’aient été signalés d’une manière positive pour avoir fait partie des brigands qui ont enlevé de chez lui le Sénateur Clément de Ris, ont encore donné lieu, par leur conduite, à d’autres préventions, qui exigent qu’ils restent en arrestation jusqu’à ce que je me sois procuré les renseignements nécessaires pour les faire juger[1]. »


II

Les débats s’ouvrirent le 26 messidor, sous la présidence du citoyen Bruère, président du Tribunal criminel de Tours, assisté des citoyens Jean Pierre Demizel et Antoine Taschereau, juges

  1. Lettre du 9 messidor. Archives nationales.