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Chartres, descendait d’une ancienne famille parlementaire de Normandie[1]. Une blessure, causée par une explosion de poudre, l’avait laissé sourd. Marié, depuis quinze mois, à la sœur de de Mauduison, il résidait presque toujours à Nogent-le-Rotrou, chez sa belle-mère, où il payait pension. – Tous deux étaient alliés à Joséphine Tascher de la Pagerie, femme du Premier Consul[2].

Leur surprise parut grande d’apprendre l’imputation dirigée contre eux. Celle de leurs concitoyens et du Préfet d’Eure-et-Loir ne fut pas moindre : « En général, écrivait ce dernier, je crois ces deux jeunes gens très inconsidérés dans leurs propos. Mais je suis loin de les croire coupables des crimes qui leur sont imputés. Le commandant et le Sous-Préfet de Nogent, le chef d’escadron de la Gendarmerie et le lieutenant qui y résident, ont, sur leur compte, la même opinion que moi. J’attends vos ordres pour m’y conformer. » Les ordres furent : « Les maintenir en arrestation. Ces deux jeunes gens sont certainement deux des brigands qui ont arrêté Clément de Ris. » Il n’est plus question d’arrestation de diligences : le Ministre vise, pour retenir les prisonniers, un grief tout nouveau. L’ignorait-il en lançant l’ordre d’arrêt ? Ne nous attardons pas à cette supposition. Croyons plutôt qu’attaché avant tout aux résultats, et sans scrupule sur le choix des moyens, il avait espéré, par cette supercherie, assurer mieux et plus vite l’exécution d’ordres dont l’invraisemblance de l’accusation rendait

  1. Un de ses frères avait été tué à Quiberon.
  2. Elle avait été ramenée des Îles en France par un de leurs parents.