Page:Rinn - Un mystérieux enlèvement, 1910.djvu/187

Cette page n’a pas encore été corrigée

voyage s’effectua sans incident jusqu’à Angerville[1]. Là prétextant un besoin à satisfaire, la femme Lacroix s’enferma et écrivit deux billets, qui furent surpris entre les mains de la fille d’auberge : « Me voilà sur la route d’Orléans, disait le premier. Il n’y a plus de doute sur ma destination. Écrivez-moi tout de suite à l’adresse de M. Carlos, défenseur officieux, Grande Rue. » Le second portait : « Lorsque j’ai parti de votre ville, j’ai voyagé au nom du Ministre de la Police. Je reviens au nom de celui de la Justice, pour paraître devant le Juge de paix. Je voudrais bien que vous fussiez prévenu avant mon arrivée. Je ne sais lequel, de moi ou de ma lettre, arriveront les premiers. J’ai un compagnon de voyage[2]. Tâchez de nous voir avant que nous soyons interrogés. »

Quels étaient les destinataires ? Il est évident qu’on s’en est enquis ; probable qu’on les a connus ; certain que leurs noms ont été tenus secrets. Ils ne furent pas prononcés aux débats et ne figurent dans aucune pièce du dossier. Il apparaît, d’après la teneur des billets, que le premier était destiné à l’intermédiaire chargé de remettre le second à Carlos Sourdat, qu’on supposait à Tours. Il était à Paris et y fut arrêté quelques jours plus tard.

Interrogés par le Directeur du Jury, Lacroix et sa femme se renfermèrent dans leurs dénégations premières. Le Commissaire du Gouvernement réclama (5 pluviôse) communication des déclarations que le Ministre avait reçues[3] de Mme Lacroix.

  1. Vingt kilomètres au delà d’Étampes.
  2. Son mari.
  3. Le 18 brumaire. Voir pages 163-164.