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Consul ; il demandait son jugement ; il invoquait l’appui de Clément de Ris.

« J’ai, disait-il, souffert depuis cinq mois tout ce que la misère peut offrir de plus affreux, à la suite d’une accusation, aussi fausse que ridicule, de complicité dans votre enlèvement. La Révolution m’avait déjà frappé si cruellement que j’avais renoncé pour toujours à habiter le territoire français. Jeté par un coup de vent sur les côtes de Flessingues, j’allais dans mon lieu natal chercher quelques titres de famille pour m’établir à Hambourg. Le crime que j’expie, et qui, pour peu que cette affaire[1] eût traîné en longueur, m’eût coûté la vie, est d’avoir traversé ce pays-ci à l’époque des vexations atroces que vous avez endurées. Je suis bien innocent, Monsieur. Je ne sais si vous voudrez bien me rendre justice sur ce point ; mais j’espère qu’après avoir souffert si longtemps pour vous, vos démarches auprès du Premier Consul me rendront définitivement la liberté sitôt que je serai déchargé de l’accusation capitale de complicité dans les brigandages exercés chez vous. Je ne murmure point des fléaux de la Révolution. On doit se résigner aux volontés suprêmes. Mais mes jours sont exempts de crimes et mes malheurs seuls sont de nature à intéresser une âme sensible et délicate comme la vôtre[2]. »

De même Lemesnager adressait lettres sur lettres, requêtes sur requêtes au Premier Consul, au Ministre de la Police, au Sénateur[3]. Il écrivait à

  1. La séquestration du Sénateur.
  2. Lettres du 24 nivôse. ─ Correspondance privée de Clément de Ris.
  3. Les 27 brumaire, 4 et 15 nivôse.